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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/149

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

splendeurs de la religion établie. Un murmure d’horreur parcourt l’auditoire. Il y a plusieurs tirades s’appliquant à l’époque actuelle, et je crois que cette pièce, si elle parcourt les provinces comme c’est probable, portera un coup fatal à la religion catholique. Mon ami l’évêque d’Autun a fortement contribué à la détruire, en attaquant les biens d’église. Il n’y eut sûrement jamais de nation marchant plus vite à l’anarchie : elle n’a plus ni loi, ni morale, ni principes, ni religion. Après la pièce principale, je vais chez Mme de Laborde. Elle me prie d’attendre M. d’Angivillers, et le diable veut qu’ils attaquent la politique à onze heures et restent jusqu’à une heure, à discuter si les abus des anciens temps sont plus monstrueux que les excès à venir.


11 novembre. — Le comte de Luxembourg vient ce matin de bonne heure et reste toute la matinée. Il insiste beaucoup pour que je promette de participer à l’administration des affaires du pays. Cette proposition est bien étrange, surtout de la part d’un homme qui n’y a aucune sorte d’intérêt, bien qu’appartenant indubitablement à la première famille du pays. Il me fait connaître l’existence d’une coalition dont le but est de remettre les affaires en meilleure situation, et dit qu’il est dans la confidence. Mais deux questions se posent naturellement à ce sujet : qu’entend-on par une meilleure situation ? Ne sont-ce pas là des personnes pensant avoir les qualités requises pour gouverner, parce qu’elles en ont le désir ? Il est possible que ce jeune homme soit en rapports, à propos d’une intrigue politique, avec des gens d’un esprit plus mûri et soit autorisé à m’en parler, quoique je doute fort de l’une et de l’autre hypothèse, surtout de la seconde. Je fais cependant la même réponse que je ferais à une demande plus régulière : je suis fatigué des affaires politiques ; le printemps de ma vie s’est passé dans des occupations publiques ; mon unique désir maintenant est de passer le reste dans une paisible retraite