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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

être acceptée. Je rends visite un comte de Montmorin après le diner ; je lui parle du projet de payer la dette avec des effets, mais il veut de l’argent. Il dit que l’on ne doute pas d’être payé par les États-Unis, mais c’est de l’argent que l’on veut en ce moment.


28 novembre. — Le comte de Luxembourg vient et me retient longtemps pour rien. Il me dit cependant que le parti des nobles s’est décidé à se tenir tranquille. C’est le seul parti sage. Un mot de Mme Necker m’invite à dîner chez elle ; je suppose que c’est pour m’entretenir d’une livraison de blé que je me suis engagé à faire. Je vais chez M. Necker, et l’on m’introduit dans son cabinet. Il engage une conversation sur la Constitution. Je déclare qu’à mon avis celle à laquelle on travaille actuellement ne vaut rien, et je donne mes raisons. Il me pose sur la Constitution américaine certaines questions auxquelles je réponds. Je l’interroge pour le blé, et lui explique comment j’aurais exécuté mon contrat, si j’avais cru un tel contrat prudent. Je lui dis que je serai en perte par celui que j’ai signé pour la farine, mais que néanmoins je l’exécuterai. Je lui demande où il en est de son emprunt en Hollande. Il répond qu’on lui a fait des propositions. Je lui dis que je lui en ferai d’autres qui lui agréeront peut-être, puis je passe au salon, pour lui permettre de lire un long écrit qu’on vient de lui remettre. Mme de Staël entre et me reproche de la délaisser ; je m’excuse et promets de souper chez elle mercredi prochain. Beaucoup de conversation à bâtons rompus. Je dîne et, à la fin du repas, dis à M. Necker qu’une personne de Londres m’a donné sur la dette des informations me mettant à même, avec ce que je sais déjà, de lui faire une offre avantageuse quand il aura fini avec les autres. Il répond que nous en reparlerons dans son cabinet avant de partir. Nous nous y rendons, et je lui offre alors un capital de rentes perpétuelles françaises produisant l’intérêt des