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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/169

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

que temps près de Mme de Corny, el je lui explique la nature de mon traité pour la farine, car je découvre que l’on a parlé à de Corny d’un traité fait par moi avec la ville, et qui n’existe pas. Il aurait pu supposer que je n’agissais pas loyalement avec lui. Je vais de là chez Mme Dumolley. L’on parle de la politique avec une chaleur inconcevable chez des gens si polis. De là au Louvre où je reste jusqu’à près de minuit. La société est nombreuse. Je raconte à l’évêque ce qui s’est passé avec Canteleu, et il me sait gré de le lui dire.


8 décembre. — Aujourd’hui, tandis que je rends visite à M. de Montmorin, qui essaye de découvrir les raisons de M. Necker contre ma proposition, M. de Moustier arrive. Il dit qu’il vient de remettre au concierge une lettre sur la dette américaine, et que toutes négociations à ce sujet doivent être suspendues. Je crois qu’il a tenté de jeter de l’eau froide sur mon plan. Je fais part de mes soupçons au colonel Ternant, qui me dit qu’il y serait également opposé en toute autre circonstance, mais que la détresse de la France forme actuellement une raison suffisante pour l’adopter.


9 décembre. — Mercredi, à trois heures, je dîne avec Mme de Staël. Après dîner, M. de Clermont-Tonnerre nous lit un discours qu’il a l’intention de prononcer à l’Assemblée. Il est très éloquent et très admiré. Je fais cependant une ou deux observations sur les raisonnements, et l’assistance cesse de partager son avis. Il s’en va mortifié, et je crois que nous nous en sommes fait un ennemi. Nous verrons. Je vais au Carrousel et j’y reste jusqu’à minuit. La société est nombreuse et je passe mon temps à lire. Le comte de Luxembourg me dit que certains individus méditent le massacre du roi, de la reine et des nobles. Je réponds que je n’en crois rien.