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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/170

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

12 décembre. — Je dîne aujourd’hui avec la duchesse d’Orléans au Palais-Royal. Ensuite je conduis Mme de Flahaut à l’Opéra, voir Didon et la Chercheuse d’esprit, un ballet. Ce n’est rien moins qu’un amusement raisonnable. Le principal clerc de M. Necker, qui était l’autre jour chez M. de Montmorin, a assuré ce dernier qu’il regardait ma proposition pour la dette comme acceptable par le ministre. Société peu nombreuse au Louvre ; nous soupons et je les laisse occupés à jouer. L’évêque d’Autun dit que le comité s’est occupé toute la soirée à rechercher avec M. Necker la manière d’émettre 130 millions de papier avec le moins possible d’inconvénients. Les affaires sont dans une situation vraiment triste, et je ne crois pas qu’elles s’améliorent bientôt.


13 décembre. — Aujourd’hui, après le dîner, je vais au Louvre et je trouve mon aimable amie tout en larmes. Elle a été voir sa religieuse, qui est atteinte d’une affection scorbutique et qui souffre de la négligence de ses compagnes. Elle se reproche de ne pas être allée la voir pendant plusieurs jours, ce qui fait qu’elle ignorait son état. Elle a donné des ordres pour qu’on la traitât mieux. Je lui donne toutes les consolations en mon pouvoir ; elles consistent surtout en sympathie, qui est très sincère. Je la conduis ensuite à l’Opéra et je l’y laisse.


14 décembre. — Nous sommes très nombreux aujourd’hui au déjeuner chez Mme de Chastellux, et l’abbé Delille nous lit, ou plutôt nous répète quelques-uns de ses vers qui sont beaux et bien débités. Je vais au Louvre. L’évêque s’y trouve, et me fait part d’un plan pour émettre des billets d’État productifs d’intérêt. Je lui démontre la folie d’une pareille mesure. Il dit que c’est un plan de Montesquiou. Je réplique que, aucun des plans qui ait chance d’être adopté n’étant bon, on peut aussi bien prendre celui