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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/183

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

Elle m’avait dit avant son arrivée que Monsieur a écrit une lettre au roi demandant une place au conseil. Il est en cela d’accord avec l’évêque et le duc de Lévis. L’évêque dit que le décret sur les pensions n’aurait pas passé sans l’abbé de Montesquiou. Je dîne avec M. de Montmorin. La conversation roule naturellement sur les pensions. Je déclare que le décret viole les lois de la propriété. On semble le considérer ainsi, mais pas autant que je l’ai démontré. J’établis un parallèle entre ce décret et les compensations données par la Grande-Bretagne aux loyalistes américains. On considère que le vote est dû à l’absence de nombreux membres partis pour aller dîner. Au moment de sortir, M. de Montmorin s’informe où j’en suis avec mon plan. Je lui dis que j’attends l’adhésion des Hollandais ; trois personnes qui sont ici ont déjà consenti, et l’une d’elles part pour Amsterdam cet après-midi, afin de déterminer ses associés. Il est heureux de cette nouvelle. Je vais voir Mme de Chastellux ; elle me dit qu’elle a vu M. de La Fayette ; que Favras sera pendu ; que Monsieur était certainement du complot, et qu’il est guidé par Mirabeau. La Fayette faisant ses confidences au monde entier, il faut naturellement ne pas lui révéler ce secret, qui ne doit pas transpirer. Le résultat pour lui sera l’inimitié de Monsieur, frère du roi, qui dans tous les cas doit toujours être en train de faire le mal, même s’il est en mesure de faire le bien. Le maréchal de Ségur arrive. Nous parlons quelque peu des pensions, et mes sentiments concordent bien avec les siens.


7 janvier. — Je vais dîner chez M. de Moustier. Le comte de Croy, le prince de Broglie et Clermont-Tonnerre sont les invités. Ces deux derniers sont grandement irrités contre l’Assemblée à laquelle ils appartiennent, mais le comte de Croy a un peu de l’obstination flamande, et défend bravement les édits, dont il a combattu un grand nombre.