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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/199

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

10 février — L’évêque vient pendant que je suis à dîner avec Mme de Flahaut ; il nous rapporte le curieux conseil donné par le roi au comte d’Angivillers. « Je vous en prie, comte, tenez-vous tranquille, car les temps sont difficiles, et chacun doit prendre soin de lui-même ; de sorte que, si vous blâmez ce qui se passe en ce moment, vous pourrez vous attirer des ennuis. » Je vais ensuite chez Mme de Chastellux ; le rapport de l’évêque sur une adresse de l’Assemblée à ses commettants est aussi blâmé ici qu’il a été approuvé chez M. de La Fayette. Je vois M. de Montmorin et lui raconte ce qui s’est passé au sujet de la dette ; c’est pourquoi je vais en Hollande. Je me rends de là à la Comédie française où la pièce est mauvaise. Je reconduis Mme de Flahaut chez elle. Son mari rentre de Versailles ; je lui prête ma voiture pour aller au coucher du roi. J’informe Mme de Flahaut que je pars dans un jour ou deux pour la Hollande.


13 février. — Je vais aujourd’hui dîner chez M. Necker. Au moment de partir après le dîner, je m’informe s’il a des commissions pour Amsterdam. Il demande pourquoi j’y vais ; je lui dis que je désire distraire ces messieurs de leurs occupations actuelles et les amener à mes vues. Il fait des objections, disant qu’il a appris que l’emprunt ouvert par eux est couvert, et qu’il espère que les Américains paieront la dette, ce qui serait préférable. Il semble donc que mon plan est finalement ruiné. Chez Mme de Chastellux, ce soir, la comtesse de Ségur me dit que mercredi prochain M. Necker doit aller à l’Assemblée pour déclarer qu’au 1er mars il ne restera pas un franc dans aucune des caisses appartenant à l’État. La duchesse vient bavarder comme d’habitude.


15 février. — Après avoir dîné avec la duchesse d’Orléans, je me rends chez La Fayette. Il me conduit dans