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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/226

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

avec Ternant et, quand La Fayette arrive, je lui dis que je ne peux me présenter que sur la demande du Comité, sans quoi ce que je dirais aurait moins de poids ; que je crois meilleur qu’il y aille ce soir avec Swan, puis, si le Comité exprime le désir de me voir, je me présenterai demain soir ; dans l’intervalle, il peut me faire savoir ce qu’il voudrait voir faire. Il approuve en paroles tout ce que je dis, mais je peux voir qu’il est vexé eu diable. Soit. Il vaut mieux le voir vexé que d’être porté dans sa poche.


3 février. — Ce matin Ternant vient me raconter ce qui s’est passé hier soir. Il dit que La Fayette a accepté la libre culture du tabac ; c’est entièrement une affaire de parti. Il ajoute qu’il a proposé au conseil de m’inviter, mais que M. Chaumont s’y est opposé, car j’étais intéressé. Le colonel Swan m’a dit ce matin, à propos de la question du tabac, qu’il existe dans l’Assemblée un groupe qui dispose de tout à sa volonté et qui tire profit de tout. Il me parle de cette corruption avec horreur. Je m’habille et vais dîner chez M. Maury. Il y a eu erreur, paraît-il, et au lieu d’y rencontrer Chaumont je trouve deux maîtresses entretenues. Sur ces entrefaites arrivent Chaumont et sa femme. La situation est assez ridicule et cette dernière rentre chez elle. Nous restons et le dîner se prolonge. J’apprends que M. de Flahaut va mieux. Sa maladie provient de la mauvaise gestion de ses affaires pécuniaires. C’est un malheureux et le mieux pour lui serait de mourir.


4 février. — Je dîne aujourd’hui avec M. de Montmorin. Nous avons une nombreuse société à dîner. Mme de Montmorin me montre un almanach d’Angleterre, envoyé par le duc de Dorset, dans lequel, entre autres choses, se trouve une table des poids et mesures. Elle dit que c’est une des nombreuses choses qui lui seront inutiles. Sur une page blanche, en face de cette table, j’écris :