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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/259

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

hoc, — le suzerain est le roi de France ou l’empereur d’Allemagne. Ceci, étant affaire d’interprétation, doit être décidé par des gens du métier, mais, comme il s’agit de deux nations souveraines, la décision dépendra probablement de tout autre chose que des mérites réels de la cause.

On refuse de m’admettre chez Mme de Flahaut, mais j’apprends qu’il y a des accommodements. Elle me dit que son mari est sorti. Elle a inventé ce prétexte pour être seule, afin de recevoir à dîner l’évêque et une autre personne ; on m’avait refusé l’entrée en raison d’un ordre général. Je fais sur son évêque une supposition dont elle est, ou du moins se prétend, offensée. Je vois M. de Montmorin ; il m’informe, comme je m’y attendais, que le roi refuse son consentement a l’affaire des rations. Je suis persuadé qu’il y a là quelque chose de louche. Nous verrons. Montmorin me dit qu’il considère l’Assemblée comme ruinée dans l’opinion, et cela me donne de très forts doutes sur sa sagacité. Il y a quelques jours, il était tout tremblant, et il est maintenant rassuré, mais sans motif dans les deux cas. Il craint encore, cependant, pour la personne du roi. Il ajoute que différentes personnes le poussent à faire des choses différentes, mais qu’il ne sait pas se décider. Je lui conseille de rester tranquille personnellement, car l’Assemblée fait tout ce qu’elle peut pour le roi, avec l’intention de tout faire contre lui. Je lui demande où il en est des réclamations des princes allemands. Il répond qu’il pense que l’empereur devra servir d’intermédiaire, et ajoute qu’il redoute le comte d’Artois et le prince de Condé. J’en parle avec indifférence, car il est à supposer qu’ils agiront uniquement dans l’intérêt de l’autorité royale, mais il croit qu’ils chercheront à se former un parti ; j’en déduis seulement qu’ils veulent obliger le roi à chasser tous ses anciens conseillers. — Visite à Mme de Guibert ; elle dit que je devrais lui faire la cour pendant des années avant de produire sur elle une impres-