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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/260

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

sion. Je ris, en lui disant que quelques jours, six semaines au plus, seraient assez raisonnables, mais que le prix qu’elle demande est vraiment trop élevé. Cette remarque amène une longue conversation ridicule. M. Brémond vient me voir. Je lui dis que l’affaire des rations est abandonnée ; il en est naturellement mortifié et désappointé.


22 mai. Je vais chez M. Grand, et je me promène quelque temps avec lui dans son jardin en causant des affaires publiques. Le royaume de Pologne a rédigé une nouvelle Constitution, qui, d’après moi, changera la face politique de l’Europe en tirant ce royaume de l’anarchie pour en faire une puissance. Les grandes lignes du changement sont : monarchie héréditaire, affranchissement des paysans, et participation des villes au gouvernement. Ce sont les vrais moyens de détruire une aristocratie pernicieuse. Après le dîner, je vais visiter Saint-Cloud avec Chaumont, sa femme, sa mère et sa sœur. La situation est belle, et le jardin serait délicieux s’il était disposé de façon naturelle, mais c’est un parfait jardin français. La vue est magnifique. Nous retournons par la Seine au pont de Neuilly et de là à Paris. — Visite à Mme de La Luzerne. M. de Mirepoix parle très durement de Necker et je défends l’ex-ministre. Je vais chez M. de Montmorin lui annoncer mon départ pour l’Angleterre. Je l’annonce aussi à l’ambassadeur et à l’ambassadrice d’Angleterre.


26 mai. — J’écris toute la matinée. M. Swan vient, et je lui exprime ma surprise d’apprendre que je suis considéré en Amérique comme agioteur sur la dette due à la France. Il m’assure n’avoir jamais rien dit ni fait pour donner naissance à cette idée, et ajoute qu’il s’efforcera de la faire disparaître. Je dîne chez l’ambassadeur d’Angleterre, et après le dîner nous allons ensemble rendre visite à M. de Montmorin. Je lui dis que les enragés sont au