Aller au contenu

Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
244
JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

ont une avance de six à sept heures sur leurs gardiens. Les conséquences vont en être considérables. S’ils arrivent sains et saufs, une guerre est inévitable, et s’ils sont repris, ce sera probablement la suspension pendant quelque temps de tout gouvernement monarchique en France. Je dîne avec le docteur Bancroft, chez qui se trouve le docteur Ingenhoup. Il me parle d’une découverte qu’il vient de faire sur l’inflammabilité des métaux, et offre de me montrer une barre de fer brûlant comme une chandelle. Il n’y a qu’à la placer dans l’air.

Le roi et la reine de France se sont échappés, mais nous ignorons encore s’ils sont hors du royaume. Cet événement m’inspire le vif désir de retourner à Paris, car je crois que la confusion aura une influence heureuse sut la vente des terres américaines. — Onze heures du soir : on apprend que les fugitifs royaux ont été arrêtés près de Metz.


2 juillet. — J’arrive à Paris. Je m’occupe à lire les différents détails de la fuite et de l’arrestation du roi. Je vais voir M. de La Fayette, qui n’est pas rentré, mais je m’entretiens avec sa femme ; elle semble à moitié folle. J’ai également rendu visite au comte de Ségur ce matin, et j’ai vu toute la famille à l’exception du maréchal. J’apprends que l’intention de l’Assemblée est de couvrir la fuite du roi et de la faire oublier. C’est là en tout cas une preuve de grande faiblesse, qui détruira probablement la monarchie. M. Brémond vient me tenir au courant de ce qui s’est fait à propos de la dette due à la France. Il me dit aussi qu’il a eu une entrevue avec le comte de Montmorin au sujet des affaires publiques, et il voulait que je demandasse son intervention près de M. Tarbé, ministre des Impositions, pour lui fournir des renseignements sur les finances. Il me raconte l’histoire secrète de beaucoup d’événements qui ont eu lieu pendant mon absence. Je dîne avec La Fayette, puis je vais chez M. de Montmorin. Je lui expose la