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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/263

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

demande de M. Brémont et il promet son aide. Je lui parle de l’état des affaires, lui faisant remarquer qu’il me semble presque impossible de sauver à la fois la monarchie et le monarque. Il me dit qu’aucune autre mesure n’est possible, et ceci nous amène à discuter les différents personnages susceptibles d’être nommés régents ou membres d’un conseil de régence ; j’y rencontre des difficultés insurmontables. On sera forcé de garder le malheureux que Dieu a donné. Sans doute, Sa sagesse produira le bien par des moyens qui nous sont insondables ; telle doit être notre espoir.


4 juillet. — Mme de Flahaut ne peut me tenir parole, parce qu’elle s’est déjà engagée à écouter l’évêque lire son plan d’éducation. Cela me convient à merveille. Je dîne chez M. Short avec les Américains présents à Paris et le marquis de La Fayette. Paine est là, bouffi jusqu’aux yeux et en gestation d’une lettre sur les révolutions. J’apprends aujourd’hui qu’environ soixante membres du parti aristocratique ont donné leur démission, en faisant une déclaration qui stipule, comme condition de leur concours à l’avenir, ce que le Comité de constitution leur a communiqué comme étant déjà décidé. C’est une pauvre ruse, et cette démarche est dangereuse. Le temps a été beau aujourd’hui. Vicq d’Azir dit que les cheveux de la reine sont tournés au gris par suite de ses dernières aventures. Paul Jones est venu me voir ce matin. Il est irrité de la démocratie de ce pays-ci. La fuite du roi et de la reine a provoqué, entre autres, un décret contre l’émigration qui ralentit la vente des terres.


6 juillet. — Promenade à cheval avec Mme de Flahaut et Mlle Duplessis. Nous allons au bout de l’île Saint-Louis, d’où l’on découvre une belle vue sur la Seine. Nous allons ensuite sur la rive gauche, et nous remontons jusqu’au