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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/27

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

30 mars. — J’apprends que j’ai commis une bêtise en répondant à un mot de Mme de Corny par un autre adressé à monsieur. Malgré la signature de Corny, j’aurais dû mieux lire l’écriture. Je dîne chez le maréchal de Castries. Je lui glisse un mot au sujet de la dette américaine, en exprimant le désir de l’entretenir à ce sujet. Il me fixe un rendez-vous pour demain. Je vais chez Mme de Chastellux ; Mme de Ségur arrive un peu plus tard. Elle fait une courte visite, étant invitée pour la soirée. Peu après son départ, vient Mme la duchesse d’Orléans. Un regard de Son Altesse royale donne à entendre qu’elle croit M. Morris un peu amoureux de Mme la marquise, mais Mme la duchesse se trompe. Il est vrai que cette erreur ne peut faire de mal à personne. Le vicomte de Ségur arrive aussi, et son coup d’œil, qu’il cherche à cacher, me dit qu’il me croit incliné à suivre son conseil de l’autre jour, c’est-à-dire à faire la cour à cette dame ; ce même coup d’œil me dit que lui aussi a l’intention de la consoler de la perte de son mari. Je me rends de là chez Mme de Flahaut ; c’est une femme élégante, et ses invités sont gens du meilleur monde. Elle ne manque pas d’intelligence, et je la crois remplie de bonnes dispositions. Nous verrons.


2 avril. — Visite à Mme de Chastellux. Mme de Rully, femme d’honneur de la duchesse d’Orléans, vient aussi. Elle a de très beaux yeux dont elle sait très bien se servir. Elle n’est nullement hostile à la douce passion d’amour. Nous verrons. Mme de Chastellux, sœur de feu M. de Chastellux, nous rejoint, bientôt suivie de la duchesse d’Orléans. Elle se plaint de la migraine, mais je la crois plutôt de mauvaise humeur que souffrante. M. Morris ne me semble pas être un hôte aussi agréable qu’auparavant. Je prends congé pour aller souper chez Mme de Corny. Peu après moi, arrive Mme de Flahaut, puis M. de Corny. Il a inutilement revendiqué les droits de la ville de Paris.