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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/272

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

je ne veux pas faire d’avances à son mari, mais qu’il devra commencer la conversation.


30 juillet. — Je dîne avec M. de Montmorin. Je lui parle pendant quelques minutes avant le dîner, pour le préparer à une conversation avec le comte de Ségur, qui doit me rencontrer ici, mais qui ne vient pas. M. de Montmorin dit qu’il a recommandé le mémoire de Swan au ministre de la marine, et qu’il a écrit sa recommandation au dos, mais je parierais qu’il ne l’a pas lu. Je vais chez l’ambassadrice d’Angleterre, et je m’aperçois qu’avec des prévenances je gagnerais la confiance de son mari, qui est plus capable qu’on ne le croit généralement.


31 juillet. — Ce matin j’envoie chercher M. de Montesquiou qui arrive un peu avant midi. Je lui expose nos opérations avec Camus et j’offre de l’y intéresser. Il bondit à l’idée de vendre son vote, mais je lui fais observer que loin de là, nous ne faisons que profiter de celui de M. Camus. Il me dit, et je le savais déjà, qu’il a un grand besoin d’argent, et promet d’agir de façon désintéressée avec Camus pour le bien de l’affaire. J’ajoute que j’ai l’intention de lui assurer une part dans l’affaire des rations. Je dîne chez M. Grand, et comme nous trouvons tous qu’il fait très chaud, il place un thermomètre à l’ombre : celui-ci marque 28 degrés Réaumur ou 89 degrés Fahrenheit. C’est déjà joli. Chez Mme de Ségur, le comte de La Marck, qui est présent, semble désirer être en bons termes avec moi, tout en cachant ce désir par une sorte de coquetterie masculine. J’apprends qu’il a parlé à M. de Montmorin de notre dîner chez M. de Ségur. Il semble donc y avoir un fil conducteur à travers tout ce tissu. Brémond vient m’apprendre que Camus a été adouci par la teinture d’or dans l’affaire de Malte ; on peut donc compter sur lui pour d’autres choses, si l’on en fait une application convenable.