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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/273

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

4 août. — Je vais chez Mme de Montmorin ; j’y trouve le comte de La Marck, et je crois encore m’apercevoir qu’il désire faire plus ample connaissance avec moi. Je remarque que lui et M. de Montmorin prennent des chemins différents pour se rencontrer dans le cabinet de ce dernier. Je vois le comte de Bercheny. Il a reçu une plainte du camp de la milice dans la plaine de Grenelle ; on trouve le sol trop dur et trop rugueux pour dormir. C’est tout à fait le genre. D’après sa description, j’estime que ce corps ressemble à tous les autres corps de milice, avec cette seule différence qu’ici les individus diffèrent essentiellement entre eux au point de vue de la fortune, et qu’ils ont en général les mœurs les plus dissolues.


6 août. — Hier Brémond m’a apporté à lire la Constitution française. Short me demande ce que j’en pense. Je réponds qu’elle est ridicule. Je dîne avec M. de Montmorin et nous parlons affaires. Il a une opinion assez juste de lui-même et des autres. Il me répète ce qui s’est passé ce matin chez le roi ; ce récit lui arrache des larmes et à moi aussi. Pauvre homme ! Le roi se considère comme perdu et tout ce qu’il fera maintenant sera pour son fils. Je vais à Auteuil voir Mme Helvétius. Ses invités sont des démocrates fous à lier. La Constitution forme maintenant le sujet de toutes les conversations auxquelles je prends le moins de part possible.


7 août. — Visite au marquis de Montesquiou avec qui je parle affaires. Il me dit qu’une tentative de corruption a été faite auprès d’Amelot, qui en a fait part au Comité ; que c’était pour l’affaire des rations ; que Camus s’est expliqué à ce sujet, et qu’il a été décidé de réunir le Comité diplomatique mardi. Ce matin Brémond m’amène Pellier, et comme il doit taire partie de notre conseil, je lui montre les observations que j’ai déjà rédigées. Il semble désireux