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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/274

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

de les voir achever rapidement, afin d’adopter celles que demanderont les circonstances. — Souper chez l’ambassadrice d’Angleterre, chez qui je rencontre lord Fitzgerald. Il revient d’Amérique, où il a fait une longue excursion à l’intérieur. C’est un jeune homme agréable et intelligent. Notre réunion qui comprend seulement encore son frère et lord Gower, est une des plus agréables dont j’ai souvenir. M. Jaubert vient avec le peu qu’il a traduit de mon ouvrage[1] ; il me faut beaucoup de temps pour faire les corrections et rappeler l’énergie de l’original. Je vais chez M. de Montmorin, et selon ce que Brémond m’a dit ce matin, je lui parle des rations. Il répond que cette cause est perdue au comité ; c’est exactement le contraire de ce que m’a dit Brémond. Je trouve que Montmorin commence à être très monté contre la Constitution. Mme de Flahaut est au désespoir de la froideur que l’évêque témoigne pour ses intérêts. Je lui dis que je n’en suis nullement surpris, et notre conversation m’amène à lui montrer le caractère de cet homme sous son vrai jour.

Il est amusant d’entendre certaines gens se plaindre que le parti républicain commence à prédominer dans l’Assemblée. On dirait que ses adversaires, ceux qui ont élaboré la Constitution, sont des monarchistes.


16 août. — Dîner chez le comte de La Marck, qui me dit que notre entrevue chez M. de Montmorin, projetée pour demain, est renvoyée à vendredi, jour où Pellier aura aussi préparé un plan. On assure que la Constitution a été adoptée aujourd’hui. Le prince de Poix que je rencontre, tient un langage des plus aristocratiques, il est dépourvu de force, mais, comme dit le docteur Franklin, « les pailles et les plumes montrent d’où souffle le vent ».


  1. Cet ouvrage est un projet de discours au roi, pour le dissuader d’accepter la Constitution.