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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/281

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

des hommes, car le droit des rois est divin, mais le clergé s’y oppose. Je lui suggère l’idée qu’il serait convenable d’attendre pour cette protestation le discours du roi, mais il pense différemment. Mme d’Ossun est si pleine d’attentions que je crois avoir fait une bonne impression sur elle. J’ai été au Salon aujourd’hui voir l’exposition de peinture et de sculpture non encore ouverte au public, mais l’évêque d’Autun, que la municipalité a chargé de ce soin, permet à des étrangers de la visiter. Il y a de très bons envois.

Le comte de La Marck, que j’ai vu chez l’ambassadeur d’Angleterre, me dit que les observations du roi seront faites demain ou après-demain. Il semble un peu froid et timide à ce sujet. Ce matin, Brémond vient me dire que le roi a refusé le discours préparé pour lui par Pellier, à cause d’un mémoire qu’il avait reçu en anglais. M. Short m’informe qu’au conseil de vendredi dernier, M. Montmorin a présenté les observations écrites par Pellier, mais le roi a préféré les miennes, et là-dessus il m’a félicité. J’essaie de le mettre sur une mauvaise piste, mais il répond que ses informations ne peuvent lui laisser de doute, et aussi que M. de Montmorin est fâché de la préférence. Il ajoute qu’on lui a demandé comment j’avais pu arriver au roi ; il a répondu que je n’avais pu le faire que par M. de Montmorin.


8 septembre. — Aujourd’hui le roi se rend à l’Assemblée et accepte formellement la Constitution. Je vais au Louvre. Je dîne avec le comte de La Marck, et nous discutons la déclaration (que l’on va rendre publique) de l’empereur et du roi de Prusse. J’apprends au Louvre la substance de la lettre du roi ; c’est assez maigre. Il semblerait que l’intrigue ait enfin réussi, et ait fait adopter au roi un parti moyen qui ne vaut rien. Je vais à l’Opéra ; la pièce est exécrable, mais le ballet de Télémaque compense cet ennui.