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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/298

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

un ordre pour les quantités et les localités. Je lui démontre les avantages qui en résulteraient. Je lui suggère encore qu’il serait à propos d’avoir toujours sous la main de quoi approvisionner pour six mois cinquante vaisseaux de ligne, et de renouveler chaque mois les provisions d’un mois, de telle sorte qu’après avoir déduit ce qui aurait été consommé, la balance des provisions en magasin au delà de six mois serait vendue. Je lui dis que si le contrat est fait à de bonnes conditions, la perte sera insignifiante pour la marine, si même il y en a, et que le commerce gagnera ce que perdra celle-ci ; mais de cette façon, on sera toujours prêt à la guerre. Je termine en lui disant que je suis Américain avant tout, et qu’il devra considérer en conséquence ce que je lui dis, mais, qu’il peut ne pas être inutile de consulter Moustier. Il paraît enchanté de tout cela, et je le crois disposé à accepter un plan dans ce sens. Il désire qu’on lui envoie un échantillon des provisions ; je promets qu’on le fera s’il en reste. Je lui donne les noms de ceux de ses ennemis qui sont vendus aux régisseurs. Il me raconte ce qui s’est passé ce matin chez le roi au sujet de M. de Montmorin. Sa Majesté est un peu irritée contre lui, et dit que voilà six mois qu’il l’ennuie pour qu’on lui nomme un successeur, etc. Le frère de M. de Molleville, qui revient de Coblentz, lui annonce que M. de Montmorin y est détesté, mais que l’on approuve la nomination de son successeur.

Je dîne chez M. de Montmorin. Il me montre le rapport qu’il a l’intention de faire à l’Assemblée. Il est d’un piteux inouï, si l’on considère le temps passé à le faire. Je lui propose des corrections que je ne crois pas qu’il adopte ; mais dans ce cas, il s’en repentira. Il déclare la guerre aux journalistes, qui sont des ennemis quelquefois ennuyeux et quelquefois dangereux. Ségur était venu le voir ce matin ; il a accepté ses propositions ; il ajoute que le roi ne lui a pas demandé de rester. Je réplique que c’est sa