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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/33

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

paraît s’en vouloir à elle-même d’avoir admiré un petit jeu d’esprit, composé par lui, il y a plusieurs années, et que Mme de Chastellux vient de nous lire.


17 avril. — Au cours d’une très longue conversation, M. de La Fayette me raconte l’histoire de sa campagne électorale en Auvergne. Je m’aperçois qu’il a maintenant une idée plus claire de ce qu’il doit faire. Nous discutons les chances d’une révolution à Paris, et nous convenons qu’elle pourrait occasionner beaucoup de mal, sans pouvoir produire lu moindre bien ; il vaudrait mieux, en conséquence, rédiger une protestation contre la façon dont les élections sont faites, tout en continuant à y procéder. Il y aura cet après-midi une réunion de la noblesse, et M. de Clermont-Tonnerre y prononcera un discours. On doit essayer de le faire élire député ; c’est pourquoi on le fait connaître dès maintenant comme orateur. La Fayette dit qu’il a du génie et qu’il appartient à une bonne famille, bien qu’il soit sans fortune. Je vais dîner chez M. de La Bretèche. M. de Durfort arrive à la fin du repas. Il s’est rendu à la réunion. Le discours de M. de Clermont a été fort admiré, et il a conquis une énorme majorité, malgré, dit M. de Durfort, le désir des amis de M. Necker. Je suis très curieux, et, entre autres choses, je demande si M. de La Fayette se trouvait là. Il y était, et a même dit quelques mots qui étaient très bien ; M. de Durfort n’étant l’ami, ni de M. de La Fayette, ni de M. Necker, je suppose que tout s’est très bien passé.

On rassemble dix mille hommes de troupes dans les environs de Paris ; les gardes suisse et française sont déjà à l’intérieur des barrières, augmentant ainsi la maréchaussée de six nulle hommes ; si nous avons une émeute, l’action sera chaude. La révolution qui a lieu actuellement dans ce pays est étrange. Les quelques personnes qui l’ont mise en branle sont étonnées de leur propre ouvrage. Les