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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/332

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

sera violent. L’ennemi extérieur plane au-dessus de sa proie, et ne semble attendre que le moment qu’il s’est fixé pour frapper. Chaque jour l’on voit de nouvelles adhésions à la grande alliance. Le Palatinat s’est déclaré. La Hollande semble sur le point de donner son adhésion, et des doutes commencent à surgir sur l’Angleterre. Les forces que la France peut opposer à ses nombreux assaillants ne dépassent pas 180,000 hommes indisciplinés, dont quelques-uns n’attendent que l’occasion de déserter. Contre elle sont réunis 250,000 hommes des meilleures troupes d’Europe, sous les ordres du général le plus habile de cet hémisphère. L’on n’avait pas l’intention de commencer avant la moisson, pour pouvoir se procurer facilement des vivres. Je ne puis dire si ce plan est changé en conséquence de ce qui va probablement se produire ici. Je crois bien qu’il le sera. J’apprends que le manifeste qui précédera l’attaque répudiera la Constitution et réclamera pour le roi ce qu’il appelle ses droits et pour le clergé ses possessions ; cette ville sera rendue responsable de la famille royale ; la garde nationale sera regardée comme une armée de paysans se mêlant de ce qui ne les regarde pas, et par conséquent non protégés par les lois de la guerre. Les monarques alliés doivent se déclarer armés non contre la France, mais contre les révoltés. On voit facilement que l’on fera dire tout ce que l’on voudra à ces termes peu précis.


12 juillet. — Je vais à la Cour aujourd’hui ; leurs Majestés ont l’air un peu consternées. Brémond me dit que Pellenc blâme Monciel de sa précipitation et dit que tout peut s’arranger encore. Monciel doit avoir une entrevue ce matin avec le roi et la reine. Je vais chez lady Sutherland et je la trouve seule. Nous parlons de l’amour et de son despotisme, jusqu’à ce qu’un vieillard vienne nous raconter l’histoire de sa goutte. Je la laisse en cette compagnie, l’abandonnant ainsi à la merci de son ennui.