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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/335

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

toujours donné de bons conseils et qu’il a la plus grande confiance en moi. Nous examinons la conduite à tenir en cas de suspension. Monciel dîne avec moi et nous allons ensuite chez Bertrand que nous ramenons à nos vues.


25 juillet. — J’ai aujourd’hui plusieurs visites, entre autres celle de M. Francis, qui vient d’arriver par Valen-

    seul moyen. Il fallait remporter la victoire dans le combat qu’on allait lui livrer aussitôt que les conspirateurs se trouveraient en force. M. de Monciel, après avoir eu une explication avec Leurs Majestés, consentit à les servir encore, quoiqu’il ne fût plus au ministère. On s’occupa de lever à la hâte une espèce d’armée royale, chose extrêmement délicate, et qui ne pouvait que compromettre ceux qui s’en étaient mêlés, si les ennemis du roi avaient le dessus. M. de Monciel associa à ses travaux M. Brémond, un homme courageux, zélé, fidèle, mais emporté, bavard et imprudent. Cette dernière qualité était presque essentielle, puisque la situation de la famille royale éloignait ceux dont le zèle pouvait être refroidi par les dangers. Vers la fin du mois de juillet, Sa Majesté fit remercier M. M… des conseils qu’il lui avait donnés, et lui témoigna son regret de ne les avoir pas suivis, enfin le pria de surveiller ce qu’on faisait pour son service et de devenir dépositaire de ses papiers et de son argent. Il répondit que Sa Majesté pouvait toujours compter sur tous ses efforts, que sa maison ne lui paraissait pas plus sûre que le palais des Tuileries, puisqu’il était en butte depuis longtemps à la haine des conspirateurs, qu’ainsi ni les papiers ni l’argent du roi ne seraient en sûreté chez lui. Mais comme cet argent ne portait aucune marque de propriété, il consentirait, si Sa Majesté ne pouvait pas trouver une autre personne, à en devenir le dépositaire et à en faire l’emploi qu’elle voudrait bien lui indiquer. En conséquence du consentement ainsi donné, M. de Monciel lui apporta, le 22 juillet, 547,000 livres dont 539,005 livres étaient déjà, le 2 août, en train d’être employées conformément aux ordres du roi. La somme de 449,750 livres, payée le 2 août, devait être convertie par Brémond en louis d’or. Il en acheta effectivement 5,000 et les mit en bourses de 20 louis, car il s’agissait d’en faire la distribution à des personnes qui devaient se transporter avec des affidés aux endroits qui leur seraient indiqués et s’y battre sous leurs chefs. Et pour rendre ces contre-conspirateurs encore plus utiles, il s’agissait de prendre par préférence des Marseillais et autres agents des conspirateurs. Aussi, afin que le roi ne fût pas trompé, il était convenu que le payement ne se ferait que lorsque les services auraient été rendus. En attendant, les 5,000 louis restèrent chez M. M… Les événements du 10 août sont trop connus pour qu’on puisse se permettre d’en faire le pénible récit. Ce jour-là, M. de Monciel apporta 200,000 livres, en se réfugiant avec sa famille chez M. M…, ainsi que plusieurs autres personnes. Après quelques jours, il se trouva dans la