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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/336

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

ciennes. Il dit que la situation est des plus mauvaises ; les Autrichiens parlent avec la plus grande confiance de passer l’hiver à Paris ; les Français semblent complètement découragés. Je reste un instant au Louvre. J’y trouve M. de Schomberg, et l’évêque d’Autun me suit de près. Je le rencontre dans l’escalier, et il m’exprime poliment son malheur de toujours venir quand je m’en vais. Il aura souvent ce malheur. Peu après deux heures, arrivent M. de Monciel, puis M. Bertrand de Molleville. Je leur lis les mémoires écrits pour le roi au moment où il accepta la Constitution. Nous dînons, et après le dîner, je donne lecture d’un projet de constitution ; nous discutons ensuite les mesures que le roi va prendre. M. Bertrand est un fanatique de l’ancien régime, mais nous le faisons un peu démordre de son opinion, à laquelle je pense qu’il reviendra. Il doit préparer demain le brouillon de la lettre qui

    nécessité de se cacher. Brémond l’avait déjà fait quelque part ailleurs, et Mme de Monciel fut chargée de faire les démarches nécessaires pour sauver les personnes qui étaient compromises, et qui pouvaient d’autant plus compromettre le roi qu’elles étaient connues et que leurs opérations étaient fortement soupçonnées.

    « D’Angremont fut pris et sacrifié, mais il eut le courage de se taire. À force d’argent, on trouva moyen de faire évader les uns et cacher les autres. Sur ces entrefaites, Brémond envoya une personne, qu’il avait initiée au secret, chercher les 5,000 louis, qui lui furent payés, d’abord parce qu’il ne fallait pas donner occasion à un homme du caractère de Brémond de dire ou de faire des folies, mais principalement parce qu’on croyait que, de concert avec M. de Monciel, il allait employer cette somme à quelque service essentiel, mais il n’y avait aucun projet de cette espèce. Au contraire, Brémond, avec une légèreté inconcevable, avait trahi un secret important, afin de mettre une assez forte somme entre des mains d’où, jusqu’à présent, on n’a pu en tirer un sou. Lorsque le duc de Brunswick fut entré en France, M. M… persuadé que s’il arrivait jusqu’à Paris, les assignats ne seraient que d’une mince valeur, et sachant d’ailleurs les projets extravagants de ceux qui régentaient la France, fit la remise, en Angleterre, de 104,800 livres, valant alors 2,518 livres sterling, afin de mettre cette somme à l’abri des événements. Il en fit payer à peu près le quart (600 livres sterling) à M. de Monciel, qui se trouvait alors à Londres, et négocia des traites pour le reste, afin de faire face à une demande que lui faisait Mme de Monciel. Enfin, il resta la somme de 6,715 livres qu’il conserva toujours à sa disposition jusqu’à