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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/340

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

faire très chaud. J’ai une longue conversation avec le chevalier de Coigny sur l’état des affaires. Monciel vient aussi, et me dit que le roi n’a pas voulu entendre parler de mettre Sainte-Croix dans le secret. L’esprit public est bien meilleur qu’il n’était et s’améliorera encore. Nous préparons une pétition pour les Marseillais, afin d’amener le roi à se déclarer. M. de Coigny plaidera la même cause auprès de la reine.


8 août. — Aujourd’hui, mercredi matin, Monciel médit que tout va bien. Le roi aussi semble être dans les dispositions convenables, ce qui est à souhaiter. Je dîne avec Mme de Staël, et, après le dîner, comme les messieurs désirent boire, j’envoie chercher du vin, et je les quitte complètement ivres. Je vais au Louvre et j’emmène Mme de Flahaut faire une promenade à cheval. Après l’avoir reconduite chez elle, je me rends chez lady Sutherland, à qui je fais une assez longue visite. Elle ira demain à la Cour. Il fait encore très chaud.


9 août. — Paris est très agité ce matin. M. de Monciel vient m’apporter de l’argent. Je m’habille et me rends à la Cour.


10 août. — Ce matin, M. de Monciel vient me voir, et ce qu’il me raconte me rend la tranquillité ; mais peu de temps après son départ, le canon commence à parler, et la fusillade qui s’y mêle annonce que la journée sera chaude. Le château, défendu par les seuls Suisses, est emporté, et les Suisses sont massacrés, partout où on les trouve. Le roi et la reine sont à l’Assemblée nationale, qui a décrété la suspension du pouvoir royal. Mme de Flahaut nous envoie son fils, et vient ensuite elle-même chercheur un refuge. J’ai du monde à dîner, mais beaucoup des invités ne viennent pas. M. Huskisson, secrétaire de l’ambassade d’Angleterre,