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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/368

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APPENDICE.

l’espoir que lui et son plan tomberaient ensemble. L’Assemblée, cette bande de patriotes, adopta en bloc la proposition du ministre, à cause de sa confiance en lui et de celle du peuple en ses députés, disait-elle, mais en réalité parce qu’elle ne voulait pas encourir l’impopularité d’un nouvel impôt. Le plan ainsi adopté, M. Necker, pour éviter le piège où il s’était presque laissé prendre, changea son impôt en ce qu’on appelle la contribution patriotique. Pour cela chacun doit déclarer à sa volonté ce qu’il lui plaît d’estimer comme son revenu annuel, et en payer un quart en trois années. Vous supposez facilement que cette ressource produisit peu, et que, malgré le danger imminent de l’État, nous ne tirons aucun secours de la contribution patriotique. Son projet suivant fut celui d’une banque nationale, ou tout au moins d’une extension de la Caisse d’Escompte. On l’a remanié depuis de diverses façons, en faisant disparaître plusieurs objections capitales, mais, somme toute, il ne vaut rien, ainsi qu’on s’en apercevra à l’usage : actuellement on ne fait que l’essayer. Pour fournir une base à cette opération, on a proposé et adopté la vente d’environ dix ou douze millions de biens de la Couronne ou de biens d’Église, qu’une résolution de l’Assemblée a déclaré appartenir également à la nation ; mais comme il est clair que ces terres ne se vendront pas bien en ce moment, on a nommé un trésorier pour recevoir le montant de ce qu’elles se vendront plus tard ; on tire sur ce trésorier des espèces de traite que l’on appellera assignat, et qui seront payées (au moyen des ventes) dans un, deux ou trois ans d’ici. On s’attend à pouvoir emprunter sur ces assignats assez d’argent pour faire face aux engagements de la Caisse d’Escompte, et on doit en même temps payer quelques-unes des dettes les plus criardes avec ces mêmes assignats. Or, ce plan ne peut réussir, parce que : 1o il y aura doute sur les titres de ces terres, au moins tant que la révolution ne sera pas terminée ; 2o pour une raison que nous allons voir, le signe extérieur des terres devra toujours se vendre moins cher que le signe extérieur de la monnaie ; donc, jusqu’à ce que la confiance publique soit assez rétablie pour que le 5 pour 100 soit au-dessus du pair, ces assignats, rapportant