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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/374

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APPENDICE.

fleuve. Aux troupes indiquées dans cette note, les contre-révolutionnaires d’ici ajoutent 15,000 Hessois et 16,000 réfugiés français ; si bien qu’en dehors de ce que peut fournir l’empereur, c’est une armée de 100,000 hommes sur le papier. L’empereur a environ 50,000 soldats dans les Pays-Bas. Mais toutes ces apparences et le congrès d’ambassadeurs projeté à Aix-la-Chapelle ne modifient nullement mon avis qu’aucune tentative sérieuse ne sera faite cette année.

M. de Montmorin est démissionnaire, et le comte de Moustier est nommé à sa place, mais son acceptation est très douteuse. Il est en ce moment à Berlin, et, comme c’est un intime de M. de Calonne, un des piliers de la contre-révolution, je le suppose dans le secret de ce qui se prépare réellement. Ajoutez-y que c’est là une charge dont le pouvoir et l’autorité sont absolument nuls, car vous remarquerez que, d’après la nouvelle Constitution, tout traité, toute convention devront être soumis à l’examen de l’Assemblée, qui les ratifiera ou les rejettera. Vous aurez vu ce qui a été fait pour les colonies. Leur commerce, dont dépend leur existence, est laissé à la merci de l’Assemblée, qui ne sera pas trop soucieuse de leurs intérêts lorsqu’ils seront contraires à ceux de la métropole. J’envoie à M. Robert Morris un paquet de brochures écrites d’après mes indications et mes observations. M. Morris vous en donnera une, et vous verrez que le but de l’auteur est l’établissement d’un système libéral de gouvernement colonial, avantageux pour eux et pour nous. Pour y arriver, on propose l’envoi de commissaires munis de pleins pouvoirs pour traiter avec les assemblées coloniales ; si l’on avait pu l’obtenir, cette brochure aurait formé la base des instructions aux commissaires. La proposition a été repoussée. Je m’attends à ce que finalement le gouvernement soit obligé de prendre une mesure de ce genre, et qu’un traité utile soit établi entre la France et les États-Unis, ouvrant la route à de solides rapports avec la Grande-Bretagne. Nous avons, en tout cas, la consolation que, si les puissances européennes, par leurs principes exclusifs, nous privent des débouchés nécessaires à nos produits, qui