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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/60

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

de Castries. En y allant, je passe chez le général Dalrymple, avec qui je reste cinq minutes, et je n’arrive qu’au moment où l’on se met à table. J’explique au maréchal mon affaire avec la ferme, sur laquelle je rédigerai une note que je lui remettrai. Je lui dis que le roi a besoin, dans les circonstances actuelles, d’un homme d’énergie et de sens, pour l’aider à sortir des difficultés au milieu desquelles il se débat. J’indique aussi en quelques mots la conduite à observer. Je vais voir M. Jefferson à l’issue du repas, et je m’attarde chez lui. Nous parlons des hommes en vue, de la politique, etc. Je ne crois pas qu’il ait une notion bien juste du caractère des gens ; il en regarde un trop grand nombre comme de simples fous, tandis que, dans la vie, les gradations sont infinies et que chaque individu a sa force et ses faiblesses qui lui sont particulières. Je vais finir la soirée chez Mme de Flahaut. On y dit beaucoup de choses légères et peu réservées. Je rentre à onze heures.


31 mai. — En allant aujourd’hui à la Malmaison, je passe par les Champs-Élysées où je m’arrête un moment avec M. Jefferson et le général Dalrymple. On me dit que le Comité de conciliation à Versailles s’est séparé sans avoir rien fait, en dépit d’une pompeuse harangue de M. Necker. Cet homme doit être d’une vanité excessive, s’il pense que son éloquence peut avoir la moindre influence, surtout quand l’esprit et l’intérêt de corps sont si fortement en jeu. À la Malmaison, je rencontre de Canteleu, comme il était convenu. Je lui annonce mon intention de soumettre l’affaire des tabacs à l’arbitrage de M. Necker lui-même ; il ne voit que des avantages à cette démarche. Il croit que l’indécision du caractère, qui est le propre de M. Necker, l’empêchera d’adhérer à notre plan pour le règlement de la dette américaine. Il ajoute que le trésor public n’a plus rien pour les mois de juin et de juillet, que M. Necker