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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/67

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

20 juin. — Les différents ordres des États généraux ont été empêchés de se réunir par les gardes qui entourent tout l’hôtel. La raison que l’on en donne est que le roi a l’intention de tenir une séance royale lundi, et que certains changements sont indispensables dans la salle. Après une courte promenade en voiture et à pied, je vais au club. J’y rencontre le comte de Croy, le duc de La Rochefoucauld, le vicomte de Noailles, de Ségur, le jeune Dillon et d’autres encore. On fait diverses conjectures à propos de la séance royale de lundi. Je crois qu’on ne s’y serait point décidé, si la Cour avait prévu la décision prise hier par le clergé. Elle joue avec des matériaux très inflammables, et il faut beaucoup de précautions. L’on regarde, en général, cette séance comme la réponse au tiers qui a pris le titre d’Assemblée nationale. Il est possible que cet incident ait pu hâter cette mesure, mais je suppose plutôt qu’il faut y voir le désir de mettre les trois ordres d’accord, de façon à leur permettre d’agir, au lieu de rester, comme actuellement, une simple foule sans utilité.


21 juin. — L’on dit ce soir au club que la séance royale de demain est renvoyée à plus tard. Le 20, à cinq heures, M. Necker a écrit une lettre au lieutenant de police, l’assurant qu’il n’est nullement question d’empêcher les États de se réunir de nouveau. L’un des partis en présence étant rempli de crainte et l’autre ne comptant que des hommes bien déterminés, il est facile de prévoir le résultat de la lutte. Pour ma part, je crois que la séance royale a été reculée pour permettre à la Cour de prendre une nouvelle décision, par suite de la résolution du clergé.


23 juin. — Avant de me rendre aujourd’hui à Versailles, je vais voir la duchesse d’Orléans ; elle me dit qu’elle me retiendrait à dîner, si je ne lui avais pas fait part de mon projet d’aller à Versailles. En arrivant à Versailles, je vais