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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/88

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

ensuite promenade en voiture au Bois de Boulogne. Pendant que je m’habille, je reçois un mot de Mme de Chastellux, me demandant d’intéresser La Fayette au sort d’un protégé de son défunt mari, qui veut entrer au Régiment National. À cinq heures, je vais à mon rendez-vous chez Mme de Flahaut. Elle est à sa toilette. Son mari entre. Elle s’habille devant nous avec une parfaite décence, même en changeant de chemise. M. de Flahaut nous quitte pour faire une longue visite, et nous devons nous occuper à faire une traduction.


28 juillet. — Je suis allé aujourd’hui demander à La Fayette une commission pour le protégé de Mme de Chastellux, et je l’engage à donner au roi des conseils qui puissent le rassurer ; cela est extrêmement important pour la France. Je ne puis lui donner mes raisons, basées sur un secret qu’on m’a confié, mais je parle très sérieusement. Ne pouvant s’entretenir avec moi sur le moment, il me demande de dîner avec lui. Je rentre et commence la traduction de ce que j’ai écrit hier après-midi, mais suis dérangé par des visites. Dès que j’ai fini, je vais chez Mme de Flahaut. Son mari n’est pas allé à Versailles, comme il était convenu. Cela est malheureux. Il vient bavarder un peu, mais il est clair qu’il veut nous imposer le plaisir de sa société, pour que nous n’ayons pas celui de son absence. C’est absurde. Les gens qui veulent plaire ne devraient jamais être ennuyeux. Je vais chez Mme de Fouquet ; la conversation est animée ; on insiste pour que je reste à dîner ; impossible. Je promets de venir la voir dès mon retour. Je fais différentes visites et vais dîner chez M. de La Fayette. Après dîner je lui parle encore de M. Martin et il promet de faire tout ce qui est en son pouvoir. J’insiste pour qu’il prenne des mesures propres à rassurer le roi (Mme de Flahaut m’en a encore parlé hier), et il désire connaître mes raisons. Je lui réponds qu’elles