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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/89

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

viennent d’un secret qui m’est confié et que je ne puis en dire plus. Je propose une association pour protéger le Prince, et déclarer ceux qui l’insulteront ennemis de l’État et de la société. Je lui soumets un plan pour sortir des difficultés où se trouve l’Assemblée nationale, obligée de ne pas voter d’impôts avant l’achèvement de la constitution, et par conséquent pressée par le temps. Je le mets ensuite fortement en garde contre le danger d’une constitution trop démocratique ; je prends congé. Je vais chez Mme de Ségur que je quitte après m’être engagé à correspondre avec elle ; de là chez Mme de Flahaut. M. de Flahaut est là, ainsi que Vicq d’Azir, médecin principal de la reine. Ce dernier nous laisse bientôt, M. de Flahaut est appelé en bas et madame me demande mes pensées sur l’éducation des Français. Monsieur entre et est de nouveau obligé de partir. C’est bien. Je soupe chez Mme de Flahaut. Nous avons avec elle et son mari qui revient une conversation sur le sujet intéressant des affaires publiques. Il semble bien content de moi, ce qui est rare. Je m’arrange pour correspondre avec sa femme.


29 juillet. — Je vais à l’Hôtel de Ville demander à La Fayette un passe-port pour Londres. Je le fais par ce principe que si je ne m’occupe pas de mes propres affaires, je ne puis espérer qu’un autre le fera pour moi. Les hommes ont l’habitude de croire à l’attention des autres et de négliger ceux qui croient en eux. Il faut être juste. Je trouve que j’ai eu raison. Il y a à l’Hôtel de Ville une foule de difficultés que je finis par surmonter. De là je vais dire adieu à Mme de Flahaut, puis à Mme de Corny ; elle m’adresse de gentils reproches, que j’avais bien mérités, pour l’avoir négligée[1].


  1. Le départ de Morris pour l’Angleterre a lieu le 30 juillet et il ne rentre que le 11 septembre à Calais. Pendant son séjour à Londres, Morris est reçu plusieurs fois chez le marquis de La Luzerne, ambassadeur de