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Page:Journal des économistes, 1842, T1.djvu/8

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bienveillante ; elle ne veut pas qu’on puisse l’accuser de trop sacrifier à l’esprit d’aventure*. La critique systématique ne lui sourit pas ; les bouleversements sur une grande échelle n’entrent pas dans son programme ; elle n’est ni pour les tentatives précipitées, ni pour les expériences hasardeuses. Sa prétention est d’indiquer, d’appuyer les réformes qui sont d’une application immédiate, celles que comporte l’état de nos sociétés. Les projets de régénération chimérique ou de partage violent qui semblent dominer quelques esprits lui commandent même plus de prudence et plus de réserve. Il faut qu’elle soit discrète, quand autour d’elle on l’est si peu.

Malgré ces entraves, l’économie politique est appelée à rendre de grands services le jour où tout le monde comprendra combien c’est une science d’observation, riche en enseignements de tous les instants, de toutes les heures. Dans le domaine des affaires, il est peu de questions qui ne soient de son ressort, et les hommes de pratique peuvent la consulter avec autant de fruit que les hommes de théorie. Aujourd’hui surtout, c’est là sa tendance. Les parties abstraites de la science semblent désormais fixées ; la controverse des définitions est épuisée ou à peu près. Les travaux des grands économistes sur la valeur, sur le capital, sur l’offre et la demande, sur l’utilité, sur le salaire, sur les impôts, sur les machines, sur le fermage, sur l’accroissement des populations, sur l’engorgement des produits, sur les débouchés, sur les banques, sur les monopoles, les discussions auxquelles ces thèses délicates ont donné lieu, les correspondances intéressantes qui se sont échangées, semblent avoir marqué la limite des recherches dogmatiques, et forment un ensemble de doctrines au-delà duquel il y a peu de chose à espérer. Dans cette direction, les tentatives seraient louables sans doute, utiles peut-être, mais ingrates certainement. C’est plutôt dans la partie vivante de l’économie politique qu’il faut dorénavant chercher son succès.

L’application de la science à l’amélioration du sort des producteurs, ouvriers ou maîtres, voilà le but fécond, le but humain. Une partie de ce qui s’est dit à ce sujet porte, nous ne l’ignorons pas, l’empreinte de quelque exagération ; on a voulu viser à l’effet et assurer, en les outrant, la fortune des idées : c’est un fait incontestable. Il fallait aussi, dans l’étude