Page:Journal des économistes, 1876, SER3, T43, A11.djvu/119

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propre désavantage. Sans doute, les ouvriers, quand ils proscrivaient le travail à la tâche et quand ils provoquaient l’interdiction du travail des enfants et des femmes, causaient quelque mal à la société elle-même ; mais ce n’était rien à côté de celui qu’ils s’infligeaient à eux-mêmes. Quant à la guerre, si ses dévastations et ses hécatombes humaines révoltait le philanthrope, elle a aux yeux de l’économiste un tort particulier, le tort d’entraîner les esprits hors des directions pacifiques et de les rendre indifférents à l’excès des dépenses publiques. Par malheur, il y avait des pressions auxquelles un homme politique ne peut se soustraire. Ainsi Pitt, sous celle d’une inimitié de race, dut faire la guerre à la France, quoiqu’il ne la voulût pas, quoiqu’il vît bien qu’elle le forcerait de s’abandonner au protectionnisme, lui qui était un free trader aussi résolu que sincère. Ce n’est pas le lieu d’approfondir l’assertion de M. Gladstone, mais s’il faut la tenir pour tout à fait exacte, on doit croire que les derniers jours de Pitt furent bien empoisonnés par la pensée qu’il avait endetté son pays et l’avait rejeté dans le système protecteur, et tout cela, en apparence, pour rehausser le prestige militaire de la France et fortifier sa grandeur territoriale, puisqu’enfin, à l’époque de sa mort, personne n’eût pu prévoir l’insigne folie qui saisirait un jour Bonaparte et le jetterait dans la guerre d’Espagne d’abord, puis dans l’expédition de Russie.


Quelques paroles de M. Forster et de M. Courtney ont clos la réunion. M. Forster a répudié le principe absolu du laissez-faire gouvernemental, recommandé par son ami M. Newmarch. « Nous avons à nous occuper, a-t-il dit, de gens qui ont affaire eux-mêmes à des gens forts ; de personnes que leur genre même de dire expose à des tentations fréquentes et qu’il faut protéger contre leur propre faiblesse ». Les dotations et les libéralités en faveur de l’enseignement ne lui paraissent pas, tant s’en faut, une chose mauvaise, et tel est aussi le sentiment de M. Courtney, que paraît toucher en outre, d’une façon particulière, la perspective de voir du même coup disparaître les dotations ecclésiastiques. M. Courtney enfin verrait avec peine que le Club d’économie politique parût unanime à croire qu’en s’occupant des rapports entre le landlord et le tenancier, le Parlement outrepasse la limite de son droit et de son action légitime.