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Page:Jouvet - Réflexions du comédien, 1938.djvu/109

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Je dois arrêter ici la liste de ces catastrophes et rendre hommage maintenant à M. Alexandre Arnaoutovitch à qui je suis redevable de quelques-unes de mes informations. M. Arnaoutovitch a, en effet, publié en 1927 trois gros in-octavo, d’un total de 1 500 pages, sur la vie et l’œuvre d’Henry Becque. Oserai-je ajouter que je considère ce gigantesque travail comme le plus beau pavé de l’ours que je connaisse.

Voici, à titre d’échantillon, par quelle pieuse interprétation, par quelle aveugle admiration Alexandre Arnaoutovitch a voulu, en la réhabilitant, nous révéler l’œuvre de Becque :

Pour nous parler de l’homme et de sa vie, pour en dire la poésie, il choisit ces vers de Becque :

Je suis né sur le haut d’un faubourg de la ville
Où l’insurrection en levant son drapeau
Trouvait l’homme debout, et le pavé docile…
Les balles de l’émeute ont brisé mon berceau.

J’ai vécu, tout enfant, oppressé par les plaintes,
Oppressé par les cris, dans les quartiers étroits,
Pleins d’hommes avinés et de femmes enceintes,
Où les linges troués pendaient au bord des toits.