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Page:Jouvet - Réflexions du comédien, 1938.djvu/111

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corps, de la tête, ou en figurant la négation par un mouvement de l’index qui a l’air d’écrire dans l’espace. Cette façon montre que le « non » vient de tout notre être et qu’on y met plus d’insistance, de conviction, de sûreté. Rien n’aurait pu empêcher Becque de mettre un « non » devant cette phrase. « Non, j’ai assez travaillé. » Mais l’observation attentive lui a dicté le contraire. Un écrivain non psychologue eût agi autrement. La Parisienne notamment abonde en gestes parlants. Une pose du corps, une main arrêtée au moment où elle allait saisir quelque chose, un haussement d’épaule, un frappement du pied servent à l’expression artistique, aussi bien que des paroles. »

Cette jolie citation vous donne le ton de l’ouvrage de M. A. Arnaoutovitch.

Page 343. La Parisienne :

Clotilde. — « Je suis mariée, dit-elle, en lui touchant le bras, vous n’avez pas l’air de le savoir. »

« Ce doigt de Clotilde qui se pose sur le bras de l’amant exigeant comme pour lui enfoncer l’idée dans la chair ou comme pour secouer une vieille habitude trop rassurée ou trop insoucieuse de ce qui pourrait la menacer ou la détrôner, ce en lui touchant le bras donne à tout le passage un surcroît de force expressive. Combien d’auteurs auraient négligé ce mouvement accompagnateur et indispensable cependant à la beauté de la peinture. »

Ceci encore : analogies avec Hugo :

« Becque, dit-il, commence quelquefois ses poèmes