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Page:Jouvet - Réflexions du comédien, 1938.djvu/146

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les personnages du théâtre de Hugo, avec les détails les plus exacts sur leur généalogie, leur caractère et leurs costumes.

Quand J’y repense, le cinéma est relativement un art pauvre.

« Mon vieux, me disait-il encore, tu as tort.

« Tu ne « L » ’aimes pas assez. Pour ta profession, il est le seul maître. Hugo, c’est le théâtral par excellence. »

Il ne croyait pas si bien dire.

J’ai quitté la rue Lhomond. Et, quelques années plus tard, lorsque je suis allé, au hasard, prendre de ses nouvelles, Hugo l’avait rappelé à lui. Il était mort fou. Il s’appelait Boissy, comme Gabriel, mais son nom de baptême était Albéric.

il y a deux constatations importantes à faire sur le théâtre de Hugo : c’est, d’une part, son succès triomphal, immédiat, éclatant auprès de la foule, et la lenteur qu’il a mis à atteindre l’élite et à la conquérir.

Certains poètes — c’est sans doute le plus grand nombre — n’ont pris part à l’histoire littéraire que par le canal des cénacles qui, lentement, ont imposé leur génie. Hugo, au contraire, célèbre du jour au lendemain, encensé pendant près d’un siècle, glorieux et olympien, Hugo vivant parmi d’innombrables effigies, Hugo, dont toutes les villes de France ont baptisé une rue, un cours, un lycée ou une crèche, Hugo n’a préoccupé l’élite que longtemps après sa mort.

Le politique a nui au poète et au dramaturge — non