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Page:Jouvet - Réflexions du comédien, 1938.djvu/203

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besoins, qui détermine le metteur en scène et réforme le théâtre. Il est le point de départ de toutes les influences efficaces ou marquantes : théories, révolutions, écoles ou innovations en matière dramatique sont directement ou indirectement le fait de l’auteur. C’est par Gogol et Tchekhov, en Russie, que Stanislawski trouve son réalisme ; par Zola, Oscar Méténier et les Goncourt qu’Antoine a instauré et pratiqué le naturalisme. C’est par Shakespeare que Gordon Craig a rénové le sens de la mise en scène et de la décoration ; par Wagner qu’Adolphe Appia a créé sa conception de la mise en scène fondée sur l’expression musicale. C’est aux auteurs d’aujourd’hui que nous devons nos conceptions actuelles, nos théories et nos idées dramatiques.

Délégué par l’excellence de ses dons ou par cette suprématie du talent qui définit le génie, l’auteur prend naturellement son rang, et tous les autres directeurs ne sont alors que des suppléants au vrai titulaire, à la fonction créatrice. « Les institutions, a dit un philosophe, ne sont que l’intérim des hommes de génie. » On peut en dire autant des directeurs de théâtre. L’écrivain est l’élément principal et actif et le véritable directeur : « Au commencement était le verbe. »

Parlons, maintenant, du directeur-metteur en scène. Dans la salle déserte, seul au milieu de ce glacier en