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Page:Jouvet - Réflexions du comédien, 1938.djvu/224

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cependant les griefs, les difficultés, les impossibilités continuent à s’accumuler autour de nous, si nous tombons d’accord que les choses pourraient aller mieux, il est de l’intérêt de tous d’en chercher loyalement les causes, et de se dépouiller de l’intérêt particulier pour atteindre au général.

Je ne crois guère aux changements soudains et profonds. Le danger lui-même, quand il réunit les adversaires, ne leur laisse pas la présence d’esprit nécessaire, et je ne suis pas assez fort pour avoir la sagesse de trouver une solution ; mais, dans la carence actuelle où nous nous trouvons, je crois que seules les décisions ou les évolutions politiques peuvent quelque chose pour modifier la situation du théâtre.

Le théâtre est aujourd’hui une affaire d’État. Reste à savoir si l’État veut s’occuper des affaires du théâtre.

L’importance de cette industrie est d’intérêt public : son art, sa propagande, son influence sur la culture et sur l’éducation, le calme et le confort qu’elle peut apporter à des moments troubles, ont déjà été l’objet de soins attentifs dans d’autres pays où le théâtre est moins grand que chez nous.

Ne serait-il pas possible que l’État, ne bornant pas sa sollicitude aux chemins de fer et aux compagnies de navigation, puisse d’ici quelque temps accorder quelque attention à un ordre d’entreprises que d’autres nations n’ont pas trouvé beaucoup moins nécessaire pour le peuple que le pain ?