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Page:Jouvet - Réflexions du comédien, 1938.djvu/25

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L’Église n’a jamais chassé ses marguilliers du chœur, et ils continuent à occuper dans les cérémonies religieuses la place des marquis sur la scène. La similitude d’un théâtre et d’une église se justifie par la confusion même des édifices à certaines époques et par bien d’autres considérations.

Il faut convenir que ces spectateurs debout ou assis dans les coulisses, ces personnages de qualité qui toussaient ou se mouchaient bruyamment, selon leur degré de noblesse, conversant librement au moment où la pièce languissait, dévisageant la salle, ou parfois même interpellant l’assistance, entrant et sortant librement, et mêlés à l’action dans une intimité toute pirandellienne, ne facilitaient ni le jeu des acteurs, ni l’illusion du lieu que représentait le décor, mais, à bien réfléchir et en dépit du trouble que cette imagination peut jeter dans nos habitudes actuelles, je ne vois guère ce que la suppression de cette incommodité a fait gagner à l’art dramatique et les progrès qu’il a accomplis après cette révolution.

J’admets volontiers que les machinistes ont gagné de la place, que le décorateur a pris ses aises, que la discipline des coulisses en a été facilitée et que le comédien, dont on a débouché les parallèles de départ, a pu aller au combat sans ressembler au monsieur chargé de paquets qui essaye de gagner la dernière place libre dans un autobus.

Ce sont là, évidemment, des avantages, mais l’art dramatique, proprement dit, n’y a rigoureusement rien