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Page:Jouvet - Réflexions du comédien, 1938.djvu/71

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on faisait de la musique. Augustin Caron s’en donnait à cœur joie, sans toutefois négliger son métier, puisqu’à dix-neuf ans il découvrit le secret d’un nouvel échappement pour les montres qui lui permit, bien que Lepaute, célèbre horloger de l’époque, tentât de lui dérober son invention, de prendre bientôt le titre d’horloger du roi et d’entrer à la Cour.

« Dès que Beaumarchais parut à Versailles, écrit son ami intime Gudin, les femmes furent frappées de sa haute stature, de sa taille svelte et bien prise, de la régularité de ses traits, de son teint vif et animé, de son regard assuré, de cet air dominant qui semblait l’élever au-dessus de tout ce qui l’environnait, et enfin de cette ardeur involontaire qui s’allumait en lui à leur aspect. »

C’est ce tempérament fougueux qui est un des principaux traits de la personnalité de Beaumarchais. Parlant de La Mère coupable, sa dernière œuvre, il écrit dans la préface

« Je l’ai composée avec la tête froide d’un homme et le cœur brûlant d’une femme, comme on a dit que J.-J. Rousseau écrivait. »

Pour la tête froide, je n’en doute point, mais pour le cœur brûlant, il faudrait savoir ce qu’il entendait exactement par le cœur — je crains qu’il n’y ait là une confusion organique dont Beaumarchais lui-même a toujours été dupe. Dans ses amours, comme dans ses Ouvrages, toute sa vie jusqu’à ses derniers jours, il