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Page:Jouvet - Réflexions du comédien, 1938.djvu/72

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brûlera ces étapes charmantes de la sensibilité ou de la sentimentalité, dans lesquelles Marivaux s’est attardé si heureusement pour notre profit. Voici donc notre horloger à la Cour.

Il reçoit commande du roi d’une montre pour Mme de Pompadour. Entre temps, il répare la montre de Mme Francquet, femme d’un contrôleur de la bouche de la Maison du roi. Puis, ayant fait connaissance du mari de la dame, il lui offre de lui racheter sa charge moyennant une rente viagère. L’affaire conclue, Pierre Caron, l’épée au côté, précède la viande de Sa Majesté. Deux mois plus tard, une attaque d’apoplexie fait disparaître le vieillard Francquet. Il n’a pas eu le temps de recevoir paiement du fils Caron. Onze mois plus tard, la veuve Pierre-Augustin Francquet devient Mme Pierre-Augustin Caron. Il prend alors le nom de Beaumarchais. Et sa jeune femme, qui n’avait que six ans de plus que lui… meurt d’une fièvre typhoïde.

Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais continue maintenant à cultiver la musique, chantant avec goût, jouant avec talent de la flûte et de la harpe. Il perfectionne même ce dernier instrument par un système de pédales et sa réputation lui permet bientôt de devenir professeur des dames de France — ces filles royales que Louis XV appelait dans l’intimité : Coche, Loque, Graille et Chiffe. Loque, alias Mme Adélaïde, jouait de tous les instruments, y compris le cor et la guimbarde.

Cette rapide ascension ne va pas sans susciter des