Aller au contenu

Page:Jouvet - Réflexions du comédien, 1938.djvu/76

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La pièce se traîna péniblement jusqu’à la dixième représentation.

Comme il se doit pour les enfants mal venus, Eugénie est l’œuvre que Beaumarchais préférait.

Nous sommes à l’époque où naît en Corse, à Ajaccio, un petit garçon qu’on prénomme Napoléon.

Beaumarchais ayant épousé en secondes noces Mme Lévêque qui lui apporta une brillante fortune, pouvait se consoler de son échec. Il avait acheté, avec la collaboration de Paris Duverney, une forêt, la forêt de Chinon, qui, sans lui donner grand’peine, lui rapportait force écus.

Ici se place l’anecdote héroï-comique du duel avec le duc de Chaulnes à qui il avait emprunté sa maîtresse et dont le récit est d’une bouffonnerie vaudevillesque. Le duc fut emprisonné à Vincennes et Beaumarchais au Fort-l’Évêque.

Le 21 novembre 1770, Beaumarchais perd sa deuxième épouse ; elle mourut en mettant au monde un fils. Quelques mois auparavant, Paris Duverney mourait aussi, laissant pour légataire universel de son immense fortune son petit-neveu, le comte de la Blache, qui haïssait Beaumarchais. Lorsque ce dernier fit présenter son arrêté de comptes pour en obtenir le paiement, le neveu répondit qu’il ne reconnaissait pas la signature de son oncle, et qu’il considérait l’acte comme faux. Il y eut procès et ce premier procès, entrainant à sa suite une cascade d’autres procès, donna naissance aux fameux Mémoires de Beaumarchais qui le rendi-