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Page:Jouvet - Réflexions du comédien, 1938.djvu/77

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rent célèbre non seulement en France mais dans l’Europe tout entière.

Un premier jugement fut rendu, dont Beaumarchais fit appel, provoquant ainsi l’affaire Goezmann. Il avait sollicité, pour le gagner à sa cause, le conseiller Goezmann et, à cet effet, il avait envoyé cent louis pour Goezmann, quinze louis pour son secrétaire et une montre à Mme Goezmann. Mme Goezmann renvoya les cent louis et la montre, mais voulut garder les quinze louis du secrétaire. Beaumarchais exigea qu’elle les rendît. Goezmann le dénonça alors pour tentative de corruption. Ce nouveau procès fit grand bruit car on en fit le procès de tout le Parlement Maupeou. Et c’est ainsi que Beaumarchais, qui n’avait pas encore pu arriver à se rendre célèbre, devint illustre en quelques heures par la publication de ses Mémoires : on vendit 6 000 exemplaires du quatrième en trois jours (1774).

Voltaire, d’Alembert, Horace Walpole, Mme du Deffand et ses familiers, Gœthe, Louis XV, Mme du Barry, les souverains étrangers, lurent avec passion ces Mémoires remplis d’une verve et d’une truculence qui les ravissaient et les faisaient rire aux larmes.

Goezmann fut condamné mais Beaumarchais le fut aussi et perdit ses droits civiques. Mais il avait dépensé tant d’habileté, de ruse, d’entregent et d’humour que le roi Louis XV l’envoya à Londres en qualité d’agent secret.

Il s’agissait d’aller traiter avec un certain Theve-