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Page:Jouvet - Réflexions du comédien, 1938.djvu/90

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être par un souci exagéré du lucre qu’il lui a manqué ce quelque chose d’exquis et d’achevé que l’amour exclusif de l’art répand sur les compositions des grands maîtres.

Au fur et à mesure qu’elle se développe, on découvre dans sa vie une série de vocations qui contrarient celle de l’écrivain : vocation d’amoureux, d’homme d’affaires, de policier, de publiciste, de journaliste ou, déjà, de reporter, engendrées par une mythomanie excessive et continuelle, toutes ces vocations ont fait dévier ou ont amoindri ce qui aurait été son génie dramatique.

Car il n’y a chez lui aucun génie dramatique ; on peut reconnaître le talent, un grand, un immense talent, peut-être la perfection du talent, mais uniquement du talent. C’est un écrivain de théâtre du plus haut rang, ce n’est pas — à mon avis — un poète dramatique.

« En mêlant au vieil esprit gaulois les goûts du moment, un peu de Rabelais et de Voltaire, dit Sainte-Beuve, en y jetant un léger déguisement espagnol et quelques rayons du soleil d’Andalousie, il a su être le plus réjouissant et le plus remuant Parisien de son temps : le Gil Blas de l’époque encyclopédique à la veille de l’époque révolutionnaire. Il a redonné cours à toutes sortes de vieilles vérités, d’expériences ou de vieilles satires, en les rajeunissant. »

Dans son œuvre, toute la tradition italienne de la Commedia dell’ Arte, après avoir passé par Molière, s’est définitivement francisée en s’y cristallisant. Plus