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Page:Jouvet - Réflexions du comédien, 1938.djvu/95

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La vie et l’œuvre d’Henry Becque ne sont qu’un amas de catastrophes ou de disgrâces et je me demande avec angoisse si la malédiction qui l’a poursuivi toute sa vie ne le poursuit pas encore au delà de la mort.

Si j’en avais le pouvoir, je voudrais que ces pages fussent une manière d’exorcisme ou de conjuration et, s’il y a parmi mes lecteurs quelques personnes pieuses, qu’elles se signent avec soulagement.

Je le déclare avec tristesse, avec une mélancolie qui ne va pas sans compassion : je n’aime pas Becque et j’éprouve, en le disant, un sentiment secret plein d’émotion. Je sais que je n’aime pas Becque et je ressens cet aveu comme une découverte, une révélation, comme l’aube d’une admiration particulière dont je vais essayer de donner les raisons et la justification.

Imaginons un instant que nous ne connaissons rien d’Henry Becque, que nous ne savons même pas qui il