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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/142

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VISIONS DE L’INDE

« La Résidence ! » Le soleil verse sur nos casques de touriste ses rayons implacables lorsque nous abordons ces murs lézardés, ces jardins luxuriants. Impossible d’être triste au milieu de ces débris déchiquetés par les boulets et par les flammes… ils ne racontent pourtant que la bataille, l’épouvante et la mort ! C’est que l’Inde est prolifique ; la bonne génitrice avec ses feuillages et ses fleurs donne aux tombes des aspects de berceau. Écarlate, bleu, jaune, vert, c’est un grand bouquet qu’elle éparpille sur ce drame de poudre et de haine. La nature pardonne parce qu’elle ne comprend pas.

Cette fois le gardien qui nous accoste est un Anglais. Il sera aussi quémandeur que les autres, les indigènes. Taine eût été ravi de voir se vérifier dans l’Inde sa théorie sur l’influence des milieux. L’Orient ne se transforme guère, il transforme plutôt ceux qui l’approchent. Peu à peu l’Occidental transplanté subit la suggestion de ceux qu’il méprise ; comme si la nature tout entière était leur complice, comme si les dieux de l’Inde n’étaient pas de vaines images, mais des forces éternelles pénétrant les âmes comme les rayons de ce soleil brunissent les corps. Ce gardien gras me raconte avec un accent saccadé et dédaigneux les combats de ces semaines sanglantes ; les Anglais furent cernés là, par les compagnies révoltées. Les mai-