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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/144

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VISIONS DE L’INDE

guide rapporte avec son accent saccadé et mécanique. Moi, je m’arrête un instant dans la chambre à moitié délabrée aux cloisons ouvertes où une jeune fille de dix-neuf ans fut mortellement frappée. Là, sur un pan de mur debout encore, ce simple nom : Suzanna


« La Résidence » vit comme le souvenir d’une résistance acharnée, enfin victorieuse ; l’Imambara est le sourire de l’art musulman. Les conquérants mongols qui se précipitèrent sur l’Inde du Nord y ont laissé des chefs-d’œuvre de marbre. L’Imambara comme l’Husainabad sont des places sacrées, aujourd’hui désaffectées, cimetières de poussières royales que le gouvernement livre aux promeneurs et dont il a fait des musées. C’est l’un des châtiments de la ville révoltée. L’Imambara m’a paru le Parthénon de l’Inde musulmane. C’est de la belle époque, la simplicité s’unit à la grâce. Il y a dans cette architecture quelque chose d’agile et de pur. Le souffle de la victoire, la foi en un dieu unique ont passé par là. Les portes découpées, les clochetons, les kiosques, donnent une impression de dentelle. La ligne pure du fronton fait songer à l’Acropole, tandis que l’intérieur, d’où toute représentation animale ou humaine est exclue, a été sculpté minutieusement à l’image d’une grande fleur. Le