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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/153

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VISIONS DE L’INDE

l’américanisme élégants. Mais Naini Tal est fréquenté seulement depuis trente années. Il n’y avait auparavant, autour de ce lac sacré, dans le sein auguste des montagnes, qu’une jungle impénétrable grouillante de tigres et de ces petits lions sans crinière, dont les Himalayas sont pleins. Naini-Tal est encore tout près du célèbre pic « China » où, dit-on, habite un miraculeux ascète, un homme-Dieu, un Mahatma. J’irai vers ces neiges, ces mystères et ces fauves…

En attendant, me voilà échoué dans une petite gare, la nuit, seul Européen. Il est dix heures ; jusqu’à minuit je dois attendre le train pour Bravery, dernière station du « Oudh and Rohilkand Railway ». Là je prendrai la « tonga » qui m’attend. Les gares sont organisées, même en ces provinces lointaines, avec un sens du confortable que, nous autres Français, nous ignorons, mais dont nous profitons volontiers. Le « station master » m’invite à prendre quelque repos dans le « rest-room », sorte de salle d’attente où l’on dort. Naturellement je ne voyage pas sans mes couvertures épaisses comme des matelas, mon oreiller, mes draps, une sorte de lit portatif nécessaire dans l’Inde. Sur un tréteau de bois, Rozian, mon boy, m’improvise une couche. Pendant ce temps, je me plonge dans la baignoire du « rest-room » ; puis je goûte un trop bref repos…