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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/177

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VISIONS DE L’INDE

Bharamb répondit :

— La sainte proclame les volontés de Naina-Devi et de Nanda-Devi. Le sang du chevreau ne suffit pas. Il faut à chaque déesse l’immolation d’un humain.

Et comme, dans un cauchemar réel, la folle s’avançait toujours plus près de moi, glapissante :

— Que dit-elle ? répétai-je.

Bharamb se taisait, gêné :

— Parle, criai-je, brutalement, je l’ordonne.

Et l’Hindou avoua :

— La sainte dit que les Déesses exigent le sacrifice de chrétiens, de blancs comme toi.

Maintenant, je rôde autour du lac perfide et doux, dans l’après-midi finissante, l’âme irritée et blessée, les nerfs chavirés comme si j’avais bu un de leurs poisons d’ici. Serais-je devenu lâche ? À certaines pentes, je retiens d’une main inquiète mon cheval. Il me semble que je vais dévaler parmi ces chênes énormes, rouler, poussé par quelque main invisible, dans ce grand œil de vierge aux cils de saule, dans ce lac attirant qui semble me regarder, en effet, avec un vorace amour.

Les fleurs roses et violacées des rhododendrons s’effeuillent sur la soie blanche de mes vêtements