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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/244

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VISIOINS DE L’INDE

à l’excès contraire et ainsi n’arrive pas à une synthèse supérieure de l’art. Les Hindous trop prodigues prostituèrent, défigurèrent les traits de l’homme et de la bête ; les Arabes, les Mongols, les Tartares trop avares ne voulurent sur leurs monuments que géométrie et fleurs. Toujours cette balance dans l’esthétique ou le gouvernement du monde, la pauvre famille humaine payant une exagération par une défaillance. Nos forces sont limitées par la nature et nous les diminuons encore par notre intempérance que suit une timidité. Quand viendra-t-il le temps où l’homme se déploiera en toute liberté, en tout courage, échappé aux liens des superstitions ou du servage social, le temps où il se réalisera tout entier, sans secousse, selon ses puissances intimes, déployées ?

Mais j’aurais tort, par mes scrupules, d’amoindrir, en la comparant avec un idéal encore dans les limbes de l’avenir, cette glorieuse réalisation du passé. — Voilà une symphonie de marbre dont les détails, travaillés avec une patience qui descend à la minutie, restent subordonnés à un ensemble majestueux. C’est un spectacle de sérénité, pour de longues générations. Elles viendront là reposer leur cerveau inquiet et comprendre que tout ce qui énerve et fatigue sera tôt ou tard rejeté.