Aller au contenu

Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/245

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
231
VISIONS DE L’INDE

III

La Courtisane invisible.

L’après-midi, je retourne au Taj ; la route est devenue plus poussiéreuse, la roue du soleil a fait aussi sa poussière dans le ciel, sa poussière d’or. Je me laisse porter par la voiture et le destin. Le Taj est encore plus beau dans les approches du soir. Il est plus blanc et plus pur. L’amour résulte davantage de ses lignes, la volupté émane mieux des cénotaphes. Amour, volupté et deuil tels que les magnifièrent des races, écartées de la nôtre, non seulement par des siècles, mais par le sang et l’idéal.

Cette impression de « différence » grandit lorsque de nouveau, dans l’intérieur du monument, je médite près de ces tombes d’apparat. Je n’y sens pas la douleur, je n’y trouve pas le regret et l’espoir. Seuls, l’orgueil et le faste s’étalent. Je suis là devant ces tombes comme devant des trésors, des joyaux !

Autour de moi se courbe et s’aère la merveilleuse balustrade faite de fleurs de marbre entrelacées. Et d’autres fleurs s’incrustent dans les tombes, des fleurs qui semblent aussi fraîches que des fleurs vivantes ; plus elles grimpent haut sur le