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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/246

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VISIOINS DE L’INDE

cénotaphe, plus elles deviennent fines et légères, pareilles à des âmes volatiles qui danseraient leurs entrelacs exquis. L’écho est clair et subtil à l’exemple de ces guirlandes. Le gardien chante une strophe mongole où il est parlé de bataille et de caresses ; et la phrase revient à moi, — du dôme où elle a monté, — franche et frêle comme ces fleurs. Je ne puis m’empêcher de lever la tête, comme pour voir l’écho. Il me semble que cette répétition de sons n’est plus un phénomène physique… Là-haut doit habiter réellement la résurrection gazouillante de ce couple endormi à jamais.

Le souterrain prend aussi un nouvel aspect à la lueur des lanternes ; je ne me lasse pas d’admirer ces tombes de joailleries et de mosaïques ; les parcelles elles-mêmes du marbre étincellent, diamants de lait. Et c’est parmi cette couverture de mort, les scintillements de l’opulence comme pour continuer sur le dernier réceptacle de corps desséchés, le doux charme de la nature et le faste illusoire des vivants : les lapis-lazulis, les turquoises, les cristaux de roche, la malachite, le jaspe se pressent, multipliés… Oui, ces tombes sont d’énormes bijoux.

Je veux monter sur le sommet ; mon guide me suit. C’est, après un long et dur escalier, la révélation cette fois amoureuse de l’Inde. La nature pré-