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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/248

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VISIOINS DE L’INDE

des roses, des lilas, des oranges, d’autres essences aussi, plus subtiles et inconnues, me poursuit si enivrante que je me retourne, inquiet et charmé, comme si venait de se poser, autour de mon cou, le bras nu d’une courtisane invisible.

IV

L’inexorable orgueil.

Je roule de nouveau vers mon hôtel en songeant à l’étrange destin de la Bégun et de l’Empereur. Leur égoïsme subit une épreuve rude. L’une, « l’Exaltée du Palais », ne vit jamais achever le mausolée où maintenant le néant de ses restes repose. L’autre, l’empereur, le regarda étincelant et définitif, seulement quelques heures avant sa mort, avec des yeux vieillis et clignotants, désabusés même des spectacles les plus sublimes. Alors toute sa puissance — la plus grande de l’Asie — s’était évanouie comme une fumée, il était devenu le prisonnier de son fils, un esclave dans son propre palais. Quelles furent les pensées de Sha Jahan, sur sa chaise de marbre, dans son palais de marbre, en voyant là-bas ce tombeau de marbre éblouissant ? On dit que les pleurs lui vinrent aux yeux et qu’il se mit à sangloter.